Le 7 octobre dernier, Charroin Toiture a fait l’objet d’un article dans le Bois international Edition Rouge, n°33 .

Charroin Toitures, basée à Vourles (69), plonge ses racines dans le passé pour mieux déployer son avenir. Issu d’une longue tradition familiale, son responsable actuel, Vincent Charroin, a su impulser à l’entreprise de construction bois une nouvelle dynamique, tout en demeurant fidèle à un savoir-faire technique qu’il entend continuer d’affirmer de manière croissante.

« Notre volonté n’est pas de faire du volume à tout prix : nous pourrions être plus grand, sans doute, mais préférons miser sur la qualité et mettre en avant la haute technicité de notre savoir-faire » C’est ainsi que Vincent Charroin résume la vocation de l’entreprise dont il a pris la responsabilité en 2003, à la suite du départ à la retraite de son père.

Cet ingénieur de formation avait avant cela intégré l’entreprise familiale en 1998, une année marquant le centenaire de celle-ci. C’est en effet en 1898 que Jean Charroin, originaire de Haute-Loire et arrière grand-père de l’actuel dirigeant, s’établit à Brignais, commune voisine de Vourles. Tout d’abord berger, il commence dès 13 ans son apprentissage en menuiserie, avant de racheter le fonds de commerce de son employeur et de fonder les établissements Charroin. Il s’associe avec ses enfants en 1928, et fonde alors la Sarl Entreprise Charroin et ses Fils.

En 1957, du fait de la diversité des activités, les quatre frères décident de scinder la Sarl en deux entités distinctes, une branche se consacrant à la vente de produits bois, pendant que l’autre se spécialise dans la fabrication. Et c’est en 1969 que Gérard Charroin, père de l’actuel dirigeant, décide à son tour de séparer l’activité charpente de celle de menuiserie, et s’installe sur un terrain mieux adapté situé à Vourles, où  Charroin Toitures se trouve toujours à l’heure actuelle.

Phase de modernisation

Suite à l’arrivée de Vincent Charroin au sein de l’entreprise, celle-ci entre dans une phase de modernisation accélérée. Conscient de la nécessité d’investir pour être compétitif, il met en place la technique de dessin assisté par ordinateur avec le logiciel de chez Sema dédié à la construction bois, et que l’entreprise utilise encore aujourd’hui. Charroin Toitures crée alors un bureau d’études qui emploie aujourd’hui trois personnes. Une étape préliminaire à l’acquisition, en 2000, d’un centre de taillage du constructeur suédois Burmek. La modernisation de l’entreprise s’effectue par étapes, de manière raisonnée : « Nous avons conservé jusqu’à il y a deux ans une scie à ruban qui datait de l’origine de l’entreprise, ainsi que de vieilles raboteuses », précise Vincent Charroin.

Celui-ci engage en 2015 des travaux importants, qui durent deux ans, et sont destinés en particulier à rénover de fond en comble l’atelier consacré à la taille de charpentes traditionnelles ainsi qu’au montage de murs ossature bois. L’atelier est isolé, et l’électricité entièrement refaite avec l’installation de prises spéciales pour des matériels portatifs à air comprimé, comme des cloueurs pneumatiques. « Il était impératif d’agrandir les ateliers, notamment afin d’être en mesure d’installer un pont roulant, dont la particularité est de posséder un support bois », explique Vincent Charroin. « Le bâtiment et les sols ont été entièrement rénovés, et l’implantation des machines repensée en vue d’optimiser la production, de telle sorte que les pièces usinées n’ont pas à se croiser au sein de l’atelier », précise-t-il.

L’entreprise acquiert alors un nouveau centre de taillage de chez Hundegger : la Speed-Cut SC3, machine développée pour des coupes rapides et précises ainsi que pour l’usinage des pièces simples, et qui, lors de l’usinage du lamellé-collé ou de l’ossature bois, atteint une vitesse d’usinage singulièrement élevée. « Grâce à cette machine, l’ensemble des opérations de fraisage, de tenonnage et de mortaisage sont désormais effectuées automatiquement, par le biais de l’ordinateur », souligne Vincent Charroin. Le constructeur bois fait également l’acquisition, en parallèle, d’une table de montage de chez Mach Diffusion, et change la scie à ruban pour un modèle plus moderne de marque Felder. « Nous avons tout de même conservé deux ou trois anciennes machines afin s’assurer certains travaux d’appoint. Mais il est vrai que le bois que nous achetons, d’une manière générale, est désormais raboté, calibré et séché », remarque Vincent Charroin.

Favoriser une dynamique locale

Charroin Toitures emploie à l’heure actuelle 20 personnes, oeuvrant au sein de bâtiments d’une superficie totale de 2000 m², et réalise un chiffre d’affaires d’environ 2,1 millions d’euros. Environ 60 % de ce chiffre d’affaires provient des marchés publics avec, en neuf, beaucoup d’extensions et de création de bâtiments. L’entreprise intervient aussi au niveau de l’entretien et de la couverture de bâtiment publics. Les 40 % restant de son activité correspondent à des commandes en provenance du secteur privé, que ce soit en neuf ou en rénovation, à la fois en charpente et en ossature bois, avec notamment des réfections de toiture pour le compte de particuliers. « Nous réalisons à la fois de petits et de grands projets. A titre d’exemple nous avons récemment pris en charge la réalisation d’un projet d’ampleur, avec la réfection du toit de la synagogue de Lyon ». Outre la charpente traditionnelle et l’ossature bois, Charroin Toiture intervient également au niveau de la toiture, de la zinguerie, ainsi que du bardage, ce dernier domaine d’activité étant devenu « un vrai métier » pour l’entreprise, ainsi que le souligne Vincent Charroin.

Pour une entreprise telle que Charroin Toitures, la compétitivité passe non seulement par un personnel qualifié et un équipement machines performant, mais aussi par un choix exigeant des produits bois construction : « Il nous faut être en mesure d’adapter l’offre de nos fournisseurs à notre outil de production », résume ainsi Vincent Charroin. « Pour ce qui est de l’ossature bois, nous privilégions de plus en plus les bois aboutés qui sont très calibrés et secs. Quant à notre activité charpente, nous employons du lamellé-collé et de contre-collé. Le bois massif est plutôt réservé aux portées non apparentes, le lamellé-collé étant souvent exigé en partie visible. Au demeurant, on peut estimer que le bois massif correspond encore à environ 60 % de nos approvisionnements, contre environ 40 % pour les bois collés en moyenne, sachant que ces parts sont susceptibles de pas mal varier en fonction des ouvrages très divers qu’il nous est donné d’aborder ».

Une volonté de favoriser les essences locales

« Notre volonté est de favoriser au maximum des essences locales, afin de favoriser par la même occasion les entreprises régionales », souligne Vincent Charroin. L’entreprise travaille intégralement avec des scieries française. « Nous employons essentiellement du sapin de pays en bois massif, mais effectuons aussi un certain nombre de chantiers avec du douglas,  une essence disponible en grande quantité au niveau local. Nous avons en tout cas fait le choix de défendre les essences locales dans les projets où nous intervenons ». Un parti pris louable, mais qui parfois se heurte aux exigences quelque peu saugrenues, de certains maîtres d’œuvre qui souhaitent absolument du mélèze de Sibérie, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer sur le bilan carbone.

Le dirigeant attache une importance toute particulière à la validation d’une qualité dont son entreprise peut intégralement se prévaloir : « Nous ne sous-traitons rien », souligne-t-il, « nous concevons et fabriquons tout en interne ». Charroin Toitures, en plus d’être reconnue garante de l’environnement, détient à l’heure actuelle pas moins de 13 qualifications Qualibat, que ce soit en construction bois, couverture et bardage : « Nous sommes très peu d’entreprises dans le Rhône à posséder la qualification « Technicité supérieure » en charpente », précise Vincent Charroin qui a à cœur de faire progresser les qualifications, même si cela implique une charge de travail importante, d’autant qu’elles doivent être renouvelées tous les trois ans. « Nous nous démarquons de la concurrence à la fois de par notre haut degrés de technicité et notre capacité à répondre aux diverses interrogations des maîtres d’ouvrage et des architectes ». Mieux qu’un simple prestataire, Charroin Toitures s’impose ainsi en tant que partenaire à part entière.

 

Stéphane Jardin

 

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